Les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE)

De nombreuses histoires, plus ou moins terrifiantes, circulent dans les lycées par rapport aux classes préparatoires. On parle le plus souvent du rythme de travail insoutenable, du stress intense, et du fameux « esprit de concours » qui se traduit par une compétitivité extrême et une ambiance désagréable. J’écris cet article pour vous faire part de mon expérience personnelle, qui a été bien différentes de ce que laissaient présager ces rumeurs. Je ne prétends pas donner de vérité générale, ne pouvant parler que de mon cas et de ceux de mes amis. J’en profite aussi pour vous donner quelques conseils qui me semblent utiles pour réussir au mieux sa prépa. Je ne peux parler que des prépas scientifiques, car je ne connais pas très bien les prépas commerciales.

Je voudrais commencer par présenter brièvement le concept des classes prépa. Il s’agit d’une formation en deux ans (ou trois si vous décidez de redoubler la troisième année, j’y reviendrai) qui se concentre beaucoup autour des maths et de la physique. A priori, le seul bac tunisien permettant d’y accéder est le bac en mathématiques. En première année (sup), les filières principales sont MPSI (Maths, Physique, Sciences de l’ingénieur) et PCSI (Physique, Chimie, Sciences de l’ingénieur). En deuxième année (spé), les élèves de MPSI ont accès aux filières MP (Maths, Physique) et PSI (Physique, Sciences de l’ingénieur), tandis que les élèves de PCSI choisissent entre PSI et PC (Physique, Chimie). Les matières enseignées sont : Maths, Physique, Chimie, SI (Sciences de l’ingénieur), Informatique, mais aussi Français et une autre langue vivante (le plus souvent Anglais). L’objectif est de se préparer pour les concours d’entrée aux grandes écoles d’ingénieurs, qui viennent en fin de deuxième année. Les concours principaux sont : X-ENS (Polytechnique + les écoles normales supérieures), Mines-Ponts, Centrale-Supélec, CCP (Concours commun polytechnique) et E3A. Ils se déroulent sur deux étapes : d’abord on enchaîne les écrits (une semaine environ par concours, avec plusieurs épreuves à chaque fois pour les matières principales : Maths et Physique) puis, si on est admissible on passe les oraux. A l’issue, on peut choisir d’intégrer l’une des écoles auxquelles on est accepté ou, si le résultat n’est pas satisfaisant, de refaire la deuxième année (ce qui s’appelle faire 5/2).

Parlons maintenant du rythme de travail. Le but de la prépa étant de réussir le mieux possible les concours, on n’est jamais assez bien préparé. La compétition est rude, et il faut donc se démarquer pour intégrer une bonne école. Cela implique une certaine quantité de travail, mais aussi et surtout une bonne méthodologie. La quantité de travail que vous fournirez n’aura donc rien à voir avec ce à quoi vous êtes habitués au lycée, mais elle reste supportable si vous travaillez régulièrement. Le rythme varie beaucoup selon l’élève, et chacun doit trouver le rythme qui lui convient. Le fait d’avoir des examens écrits (DS) et oraux (kholles) toutes les semaines motive en général les élèves à être à jour sur toutes leurs matières. Il y a donc du vrai dans les rumeurs : vous allez beaucoup travailler, mais ce sera à vous de définir votre quantité de travail. Mon prof de maths en sup conseillait 70 heures par semaine (en comptant les heures de cours). Certains arrivaient à atteindre cet objectif, mais la plupart des élèves travaillait beaucoup moins que ça. A mon avis, il vaut mieux veiller à toujours être à jour sur le cours et à faire des exercices régulièrement plutôt que de se fixer un nombre d’heures de travail.

Quant à l’ambiance en prépa, on entend souvent dire qu’elle est plutôt déplorable car les élèves sont en compétition les uns avec les autres. En me basant sur mon expérience et sur celles de mes amis, je pense que cette idée n’a pas de fondement. Aussi bien dans les prépas françaises que tunisiennes, on m’a toujours fait part d’une bonne ambiance. Personnellement, j’ai effectué ma prépa au lycée Stanislas à Paris, et il y avait un excellent esprit de cohésion : on s’encourageait les uns les autres et on s’entraidait souvent. La mentalité consistait plus à se dire que c’était notre prépa contre les autres plutôt que chaque élève contre ses camarades. C’était vraiment agréable de travailler dans ces conditions et, malgré la charge de travail importante, j’ai passé de très bons moments pendants mes deux années de prépa. Evidemment, tout le monde ne vit pas cette expérience de la même façon, et je connais certaines personnes qui ont mal vécu la prépa (certains ont abandonné à la fin de la première année) mais la plupart de mes camarades a grandement apprécié.


J’aimerais aussi partager quelques conseils qu’il faut garder en tête en prépa :
  • être constamment à jour, surtout en maths et en physique et ne pas attendre les examens pour réviser. De toute façon, surtout en 2ème année, on n’accorde plus la moindre importance aux examens pour se concentrer sur la révision à long terme pour les concours
  • ne pas négliger les matières littéraires : le français et l’anglais peuvent rapporter des points faciles aux concours, il suffit de les travailler légèrement pour être sûr d’avoir une note correcte
  • ne pas se surcharger de travail : deux ans c’est long, il faut savoir se reposer et se faire plaisir aussi
  • profiter au maximum des kholles (examens oraux) : c’est un excellent entraînement pour les oraux des concours. Essayez d’arriver préparés, vous en profiterez mieux
  • ne pas accorder trop d’importance aux mauvaises notes : tout le monde en a, un 2 en maths n’est pas si dramatique que ça !
  • travailler en groupe

Je conclus avec une brève parenthèse sur l’après-prépa : la vie en école d’ingénieur. Ça n’a pas grand-chose à voir avec la prépa : il y a beaucoup plus de temps libre, et beaucoup plus de liberté dans la formation. On peut choisir de se concentrer sur ce qui nous passionne, on s’ouvre à la vie associative (complètement absente en prépa), on mène des projets, on intègre progressivement le monde de l’entreprise… C’est en rupture totale avec la prépa, et cette expérience est généralement mieux vécue et plus épanouissante.




Aziz Dhaoui (Bac 2011)









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